samedi 3 janvier 2015

Pas de bas vœux pour l'Escargot

En cette période de début d’année, la plupart de nos (ir-) responsables s’adonnent à la traditionnelle cérémonie des vœux. Depuis la tête de l’état jusqu’aux maires, en passant par certains chefs d’entreprise, chef de groupe politique, le préfet, le président de ceci, le président de cela… Et vas-y que je te rajoute une couche de vœux sur la couche de promesses. Les vœux, faut dire, ça coûte pas cher, juste un peu de champagne, de toute façon vous me prendrez ça sur le budget communication. Ça coûte encore moins cher que les promesses, justement. Et n’oublions pas les élections. Ce qui est étonnant, c’est la facilité qu’ont tous ces (ir-)responsables à vous prédire tout un tas de choses qui bien évidemment ne vont rien leur coûter, et qu’en plus on ne leur a pas demandé : mais ils savent certainement mieux que nous ce qu’on « vœux ».... Moins de misère sur le Monde, bien sûr, c’est le truc qui coûte le moins cher, on n’a pas à y toucher et puis ça donne bonne conscience. Et puis qu’on gagne tous plein de sous (enfin, moi un peu plus que vous, pensent-ils) pour qu’on puisse aller les dépenser dans la nouvelle zone d’activités qu’on est en train de construire, vous savez, là où passait la petite rivière, au bas du verger abandonné, on a tout mis sous béton, on est plus tranquille. Et puis bien sûr : qu’on ne soit pas encore inondé comme cette année, la moitié du village, bah oui faut dire on a détourné la petite rivière, on a tout bétonné, et puis avec ce qui est tombé… et puis comme il faut prendre la bagnole pour aller dans la nouvelle zone, on va encore plomber le climat un peu plus… Enfin c’est pas grave cette inondation, on va faire un procès pour négligence, c’est forcément la faute de quelqu’un d’autre, les assurances vont rembourser, on pourra acheter une nouvelle voiture, une plus grosse, deux peut-être. Et on oubliera bien vite que s’il pleut comme ça, c’est aussi parce qu’on va chercher le pain en rejetant des kilos de CO2…
Bon, vous avez compris. 
Alors pour modifier un peu le discours habituel, je vais faire une proposition, toute simple, anodine. Je vais proposer au maire de ma commune et de toutes les communes d’ici ou d’ailleurs, d’introduire un petit bout de chose dans leurs souhaits très officiels et très faciles pour 2015. Ce petit bout de chose le voici : « Je fais le vœu qu’en 2016, la plupart des personnes qui seront rassemblées ici pour cette cérémonie soient venues sans leur voiture. » Et je ferai sortir tout le monde dehors pour admirer cette belle double rangée de bagnoles entassées sur les trottoirs de part et d’autre de la salle de cérémonie et qui attendent, ne servent à rien, obligent les rares piétons à risquer leur vie sur la chaussée. Pourtant ici comme ailleurs, la plupart des habitants de la commune vivent à moins d’1 km de son centre, 10 minutes à pied. C’est rien bien sûr ce vœu, et ça risque de faire tache. Mais que « vœux-t-on » justement ? Entendre de belles paroles, entendre qu’on va vivre mieux parce que le maire a pris de grandes décisions pour le développement économique de la commune, fait de belles routes, installé une belle superette, un nouveau rond-point ? Entendre une fois de plus qu’en échange d’un bulletin de vote, d’autres prennent en charge notre avenir ? Je pense qu’il est temps qu’on nous fasse entendre un autre discours, qu’on nous responsabilise, qu’on nous incite à prendre les rênes de notre destin et surtout de celui de nos enfants. Refusons ces lendemains qui nous immobilisent, nous confortisent et nous avilissent, refusons de sacrifier la terre de nos enfants : nous la leur avons empruntée, dans quel état sera-t-elle quand ils devront la récupérer pour eux-mêmes ? Voici mon vœu. 

Bien sûr, c’est pas tout blanc tout noir. Bien sûr, ce vœu n’est pas très altruiste au premier regard. On le complétera en faisant allusion à la solidarité, à l’amour bien placé, à la sobriété… Mais cette année, si vous allez à la cérémonie des vœux du maire, où que vous habitiez, écoutez bien ce qu’on vous chantera entre deux bulles de champagne (que vous aurez payé), et pensez-y. 

Bonne Année 2015